Imaginées en 1981 par l’architecte espagnol Manuel Núñez Yanowsky, les Arènes de Picasso ont vu le jour à Noisy-le-Grand en 1985. Ce projet s’inscrit dans le grand mouvement de création des villes nouvelles, lancé après la Seconde Guerre mondiale pour répondre aux besoins croissants en logements en Île-de-France. Dans les années 1960, plusieurs de ces villes émergent autour de Paris : Saint-Quentin-en-Yvelines, Évry, Cergy, et Marne-la-Vallée – dont Noisy-le-Grand fait partie.
Ces nouveaux quartiers ont pour ambition de favoriser la mixité sociale. Pour y parvenir, l’État sollicite des architectes aux visions audacieuses, capables de proposer des formes urbaines innovantes. C’est dans ce contexte que naît une vague de constructions emblématiques de l’architecture postmoderne, comme celles de Ricardo Bofill à Cergy, Montigny-le-Bretonneux ou encore dans le quartier Mont-d’Est à Noisy-le-Grand, avec les célèbres Espaces d’Abraxas.
Dans le quartier du Pavé-Neuf, c’est Manuel Núñez Yanowsky qui est sollicité. Architecte postmoderne lui aussi – un courant auquel appartient également Le Corbusier – Yanowsky aime puiser dans le passé pour nourrir ses créations. Il joue avec les formes symboliques, les détourne et les insère au cœur de ses projets architecturaux.
C’est ainsi que naissent les Arènes de Picasso, plus connues localement sous le surnom affectueux de « camemberts ». Le complexe, partagé équitablement entre logements sociaux et logements privés, s’inspire directement de l’Antiquité.
Son nom n’est pas un hasard : l’architecture évoque les arènes où se déroulaient les combats de gladiateurs. Les fameuses « roues » visibles sur les bâtiments ne sont autres que des références aux chars romains, vues comme si elles avaient été retournées. Ces formes circulaires rappellent, vues du ciel, les roues d’un char antique figées dans le béton – un clin d’œil à l’histoire et à la symbolique des lieux publics dans les civilisations passées.
